La surqualification chez les immigrants

Septembre 2022

Comment se définit la surqualification ?

               La surqualification peut être définie de manière générale comme le fait d'avoir un niveau d'études supérieur à ce qu'exige habituellement un poste. Qu'il s'agisse d'un cadre supérieur qui devrait normalement être titulaire d'un diplôme universitaire et qui occupe un poste de débutant n'exigeant qu'un diplôme d'études secondaires, ou d'une personne titulaire d'une maîtrise qui occupe un emploi dans l'économie parallèle comme Uber ou Doordash, la surqualification se présente de nombreuses façons sur le marché du travail actuel. Selon un rapport publié par Statistique Canada en 2020, la surqualification est nettement plus élevée chez les immigrants, et se précise plus particulièrement chez certains groupes. Cette surqualification persistante se traduit non seulement par des employés généralement moins satisfaits et également sous-payés, mais aussi par une énorme richesse de potentiel inexploité dans la pénurie persistante de main-d'œuvre.

Comme de nombreuses économies post-pandémie, le Canada connaît une pénurie de main-d'œuvre qualifiée, notamment dans des secteurs clés comme la santé, l'éducation et l'ingénierie. En même temps, en tant que nation, nous accueillons plus d'immigrants que jamais auparavant. Cette année seulement, le gouvernement fédéral a fixé un objectif d'immigration de plus de 430 000 nouveaux immigrants. D'ici 2036, les immigrants pourraient représenter jusqu'à un tiers de la population totale du Canada . Pourquoi alors constate-t-on continuellement des pénuries de main-d'œuvre qualifiée ? Bien sûr, il existe d'autres facteurs tels que le vieillissement de la population active, le faible taux de natalité et les défis liés à la pandémie, mais il semble y avoir un décalage entre le nombre de travailleurs qualifiés que nous accueillons et le nombre de ces travailleurs qui parviennent effectivement à trouver un emploi dans leur domaine. Nous examinerons à la fois les raisons pour lesquelles ce phénomène touche de manière disproportionnée les immigrants et les solutions possibles, tant pour les travailleurs que pour les employeurs, à ce problème permanent. 


Pourquoi les immigrants sont-ils davantage sujets à la surqualification ?

          L'étude de 2020 publiée par Statistique Canada montre clairement que les immigrants sont sujets à davantage de surqualification que leurs homologues nés au Canada. En moyenne, les immigrants sont presque deux fois plus susceptibles d'être surqualifiés pour leur emploi, et presque trois fois plus susceptibles de souffrir d'une surqualification persistante, c'est-à-dire d'occuper un poste moins qualifié pendant une période dépassant deux ou trois ans. L'étude a également montré que les femmes sont plus susceptibles d'être surqualifiées que les hommes et que, notamment, le domaine et le lieu d'études sont directement liés aux taux de surqualification. Sans surprise, dans des endroits comme le Québec, la langue a également joué un rôle clé. En 2016, les immigrants anglophones ont souffert des plus hauts taux de surqualification dans la province. 


Bien que cela ne soit pas surprenant, l'impact de l'origine des titres de compétences des participants est un élément clé de cette étude. Les immigrants qui ont étudié au Canada et qui ont donc reçu des titres de compétences canadiens ont enregistré une diminution de 10 % de la surqualification, soit seulement 4 % par rapport aux 14 % des participants qui avaient des titres de compétences étrangers. Il n'est pas surprenant que les employeurs fassent confiance aux titres de compétences canadiens et les comprennent, surtout lorsqu'il s'agit d'industries réglementées par le gouvernement fédéral ou provincial, comme la santé ou l'ingénierie. Bien qu'il existe de nombreux programmes de valorisation des certificats et de transfert des titres de compétences, il y a un décalage persistant entre la quantité de talents qualifiés disponibles et les entreprises qui ont du mal à embaucher pour certains postes. Non seulement tout cela nuit à la satisfaction, à la mobilité et à la rétention des immigrants, mais cela finit par nuire à l'économie canadienne. En 2019, les immigrants auraient gagné en moyenne 10 % de moins que leurs homologues nés au Canada. Cette perte de potentiel de gains correspond à une perte potentielle de 50 milliards de dollars pour le PIB du Canada . En fin de compte, si nous pouvons placer efficacement les immigrants qualifiés dans des postes qui correspondent à leur formation et à leur expérience, tout le monde serait gagnant. 


Comment changer le système

            Que faire alors pour remédier à cette déconnexion coûteuse ? Comme toute solution efficace, nous allons aborder ce problème sous tous les angles. Tout d'abord, les candidats immigrants peuvent maximiser leur potentiel d'embauche au Canada en suivant quelques conseils simples. Veillez à ce que vos CV soient dans un format canadien approprié, vous pouvez avoir une version anglaise et une version française à portée de main, selon la province dans laquelle vous vivez. Deuxièmement, si vous avez des diplômes d'autres pays, pensez à obtenir une équivalence canadienne vérifiée, afin que le s employeurs puissent mieux comprendre votre niveau d'expertise. Si vous êtes au Québec ou dans d'autres communautés francophones, il est payant d'être bilingue. Vous n'avez pas besoin d'être un expert, mais le fait de montrer que vous avez des compétences de base en communication en français et d'être ouvert à l'idée d'essayer vous aidera beaucoup, et vous distinguera certainement des autres candidats. Le gouvernement du Québec offre des cours de français payants aux nouv eaux arrivants, et le fait de pouvoir au moins tenir une conversation en français peut vraiment vous donner un coup de pouce en tant que professionnel. 


               D'autre part, les employeurs peuvent modifier leurs stratégies d'embauche et de recrutement pour profiter de l'évolution du marché du travail. Comprendre la diversité comme un atout est un élément clé à cet égard. Bien que certains nouveaux arrivants n'aient pas l'expérience professionnelle canadienne que les employeurs recherchent, leurs propres expériences diverses constituent un avantage souvent négligé par les équipes d'embauche. Selon de nombreuses études, la diversité sur le lieu de travail se traduit par des taux plus élevés de productivité, de créativité et d'engagement des employés. Les employeurs peuvent adopter des pratiques de recrutement inclusives et mettre en place des moyens clairs et transparents pour la promotion et la mobilité ascendante au sein de leur entreprise. Il existe également divers systèmes de soutien pour les immigrants nouvellement embauchés, tels que les programmes PRIIME ou IPOP au Québec.  


              Enfin, il faut que le chemin soit plus clair pour tous les immigrants entre le moment où ils sont acceptés dans le pays et celui où ils trouvent un emploi. De nombreuses personnes viennent au Canada en pensant qu'il s'agit d'un pays aux possibilités infinies, mais en réalité, elles sont confrontées à des montagnes de documents et de portes fermées. Certains trouvent leur emploi avant de venir ici, mais beaucoup manquent de ressources une fois sur place. Globalement, nous devons travailler sous tous les angles pour trouver aux candidats des emplois qualifiés et durables, et pour aider les employeurs à intégrer les travailleurs étrangers. Il reste encore beaucoup à faire pour résoudre le problème de la surqualification, du sous-emploi et de la pénurie de main-d'œuvre, mais cela commence par la reconnaissance de la valeur individuelle de chaque personne, quelle que soit son origine.

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